L’arrivée à la Maison Blanche d’un homme qui a promis de cesser l’aide américaine à l’Ukraine oblige les Européens à se poser sans délai des questions douloureuses et vitales.
L’élection de Donald Trump est un cauchemar pour la démocratie, les droits humains et pour l’Europe. C’est l’un de ces moments de bascule qui changent le cours de l’Histoire.
Nous allons désormais nous retrouver seuls en Europe. Seuls face à la guerre sur notre continent, seuls face à Poutine, seuls face à la vague d’extrême-droite et autoritaire qui balaie nos nations et le monde, seuls face à la catastrophe climatique. Seuls. Et cette solitude est inédite depuis 1945.
Il ne sert à rien de se rassurer en se disant qu’on a déjà connu une Présidence Trump.
Ce n’est ni le même Trump, ni le même monde qu’en 2016. En 2016, l’Europe n’était pas en guerre, le Proche-Orient n’était pas en flammes, nos démocraties n’étaient pas aussi fragiles et aussi menacées, de l’intérieur comme de l’extérieur.
Nous sommes ce matin face à notre destin. Trump a déjà annoncé qu’il allait sacrifier l’Ukraine et négocier l’architecture de sécurité européenne avec Poutine.
L’Europe peut donc se retrouver dans la situation de la Tchécoslovaquie en 1938, au moment des accords de Munich, attendant dans les corridors que les « grands » décident de son avenir et de son existence même.
Rien ne nous garantit que nos démocraties et l’Union européenne résisteront à ce choc. Tout dépend de nous, de notre capacité à nous transformer collectivement et individuellement en démocrates de combat.
Les Européens ont longtemps vécu comme des adolescents, somnolant à l’abri d’un parapluie américain présupposé éternel. Cette époque est aujourd’hui révolue.
Nous voilà condamnés à devenir adultes, à faire en quelques semaines, quelques mois ce que nous n’avons pas voulu faire pendant des décennies: construire notre propre défense, assurer notre propre sécurité, bâtir notre propre puissance.
Redonner à nos démocraties la force et le sens qu’elles ont perdus, l’horizon de justice et d’émancipation qu’elles ne produisent plus.
Les semaines et les mois qui viennent définiront notre place dans l’Histoire. La démocratie n’est pas une donnée, c’est un combat.
Le moment est venu de le mener avec plus de vigueur, plus de conviction que jamais. L’hiver est arrivé et il nous faut faire face.
Nous pouvons le faire. L’Europe est plus forte qu’on le pense, nos nations sont plus puissantes qu’elles ne le croient. C’est le moment de montrer que nous ne sommes pas condamnés à un destin de vassaux et de spectateurs de l’effondrement.
Le moment de construire la puissance écologique européenne qui seule peut nous offrir un avenir libre et digne. Le moment de montrer ce que nous sommes et ce que nous voulons être ensemble.